Hind BOUAMAR : Psychologue spécialisée en neuropsychologie

Diplômée de l'université Paris Descartes, je pratique la neuropsychologie clinique depuis plus d'une quinzaine d'années. À la suite de mon expérience en France (AP-HP, groupe Korian), j'ai établi mon cabinet à Casablanca où j’accompagne des enfants et des adultes présentant des troubles neurodéveloppementaux, des maladies neurologiques ou un haut potentiel intellectuel.

Mon travail consiste à effectuer des évaluations neuropsychologiques, à pratiquer la remédiation cognitive et à fournir une guidance parentale. Parallèlement, j'assure l'enseignement de la neuropsychologie à l'université et je prépare des experts à l'évaluation et au traitement des troubles du développement neurologique. Impliquée dans le milieu associatif, j'appartiens au comité du Collectif des Psychologues au Maroc, où nous travaillons pour un exercice de la profession respectueuse de l'éthique et de la déontologie.

• Pourquoi l’observation d’une agitation motrice et/ou des problèmes d'attention ne suffit-elle pas pour diagnostiquer un TDAH, pouvant ainsi masquer d'autres troubles.
• Comment la dimension psycho-affective et le cadre culturel marocain complexifient le diagnostic et l'intervention, requérant une adaptation spécifique.
• Comment les contraintes et libertés d'adaptation au Maroc suscitent-elles de nouvelles perspectives ?
• Quels sont les principaux moyens quotidiens qui contribuent réellement à aider un enfant ou un adulte ayant des problèmes d'attention ?

On parle de plus en plus du trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), il est parfois diagnostiqué trop rapidement, parfois encore mal compris. Cependant, ce sigle dissimule une réalité beaucoup plus complexe qu'il ne semble.

En clinique, on ne rencontre pas directement des enfants diagnostiqués TDAH, mais plutôt des enfants et des adolescents qui présentent des problèmes d'attention, de difficultés académiques, d'impulsivité ou encore de comportements déconcertants pour leur entourage.

Le danger présent est de précipiter le diagnostic : remplir un questionnaire, noter un comportement turbulent, et sauter à la conclusion d'un TDAH. En effet, ce trouble ne se diagnostique jamais en quelques minutes.

L'agitation ou l'inattention peuvent également indiquer un trouble du développement neurologique, une détresse émotionnelle, de l'anxiété ou encore un trouble du sommeil. Le diagnostic devient donc une tâche délicate : comment faire la distinction entre ce qui est biologique et ce qui est lié à l'expérience psycho-affective ? Dans de nombreuses situations, cette limite demeure indistincte et nécessite une démarche clinique délicate et raffinée.

En plus de cette complexité, il y a la dimension culturelle spécifique au contexte marocain et le manque de directives nationales rigoureuses. Plutôt qu'un simple obstacle, cette situation nécessite parfois une adaptation particulière. 

Le but de cette conférence ne se limite donc pas à dépeindre une pathologie, mais consiste aussi à remettre constamment en question le processus diagnostique du TDAH et à envisager les moyens d'intervention les plus pertinents au jour le jour, afin d'aider les enfants, leurs proches et les spécialistes qui les soutiennent.